Catherine Brousse

Bleu de Delft de Louise Warren. Quel choc ! Certaines phrases me traversent de part en part comme des fusées de reconnaissance : "Je me sens toujours dans l'atelier. Je suis continuellement travaillée".
Suis un peu travaillée aussi ici : l'expo d'octobre approche. Thème autour des signes, des graphies, des graphismes, graphes, écritures, hyéroglyphes et sténographes… Les murs comme terrain d'essai des carnets de notes, comme terrain de jeu pour se dégager du carcan formel des unes et des autres : images éclatées en mille décors, mots sortis du papier-crayon ou du pixel-écran. I
mages et mots justement mélangés et mis en boite, littéralement.
"Justement mélangés" sans que s'emmêlent mes pinceaux... Au cœur de la question posée depuis toutes ces années, la place et le sens du mot, le sens et la place de l'image… oui, mais j'ai les jetons. Je me raccroche aux paroles de MO : je ne sais rien faire d'autre... mais "ça", est-ce que je sais ? Et "ça" quoi, d'ailleurs ?
Prendre les images au mot. Quoi de ce ressac et le cri lointain emporté par le vent des rieuses ?
… et toujours cette soif de nouvelles images qui suscitent des mots nouveaux, pour exprimer ce que je perçois, en faire signe, en faire part… tant qu'à faire…

2018, année paire : Quatrième Biennale des Artistes à Cotignac 

Lettre aux amis

Le temps passe. On pourrait barrer les mois en haut des feuilles du calendrier plus vite que la lumière du jour qui croît et décroît, croît et décroît…
Parfois il me semble de tout recommencer, vraiment tout – presqu'à zéro. Une telle chance ! Une telle transparence ! Comme dans l'enfance, je recommence. Même l'opacité la plus forte, certains jours, se traverse. Quelle chance insensée !
Une félicité plus souvent, et des instants, si courts, de… communion (je ne sais si c'est le mot juste) indescriptibles, si forts qu'écrire semble bien inutile. Mais ce serait beaucoup demander et peu donner : les mots, vous savez bien…
Comment rendre ?
Comment rendre hommage ?
Rendre grâces ?