Catherine Brousse

Art-déco-c
Nos aînés

Visage des aînés
J'aime voir dans vos visages
ô mes aînés
le rire encore ruisseler
Oh, nous n'avons encore rien vu
des farces de la vie.
Le meilleur est la fin,
tous feux éteints.
Oh, ce froid…
J'aime voir dans vos visages
ô mes aimés
cet éclair sous les nuées
Oh, on en aura vu,
des vertes et des bien mûres !
Ce qu'il a fallu faire parfois…
mieux vaut en rire,
allez !
J'aime lire dans vos visages
vous qui me précédez
cette vivacité
qui porte encore lumière
et nous dit qu'à tout prendre
prendre de l'âge n'est pas le pire

  •  Pierre Brousse, 1899-1997

    Pierre Brousse, 1899-1997

  •  La litière

    La litière

  •  Avant la messe, France, 1979

    Avant la messe, France, 1979

  •  Elle regarde ses mains

    Elle regarde ses mains

  •  Le ballin

    Le ballin

  •  La cuisinière

    La cuisinière

  • "Andréa et Mathurin”

  •  Elles s'en vont

    Elles s'en vont


Si loin de nous nos aînés, nos aïeux, que, même pour rire, le nom est délaissé, la formule oubliée, le flacon refermé. Sur le pas de la porte, regardant les passants, la vie passée, vieux machins dans la cour... Sur le bord du chemin qui devient route et s'enfuit de plus en plus vite, vous si ralentis... Quelle image nous laissez-vous de vous et qu'en faisons-nous dans le lacis de nos mémoires ? Ce qui reste de nos visages, de nos os, de vous à moi, ne pèse pas le vol d'un oiseau ! Quand les mots ne passent pas le seuil des usages, le pas de la langue, comment se dit l'amour, toi qui me regarde de si loin te regarder et, l'espace d'un instant, nous nous voyons encore une fois comme autrefois, dans les copeaux et la sciure, sur un vélo à trois pattes ou devant un hirondeau ; moi enfant, toi l'aïeul et là-dessous une interrogation sans réponse.

Ah, l'amertume des morts ! Nos morts ne nous manquent pas autant
que l'amour qu'ils nous portaient.