Catherine Brousse

Yeux grands ouverts dans la nuit.
Je suis avec eux dans la forêt des signes.
Je saisis un bout de matière, du matériau ? Je ne sais rien ; j'apprends le B.A.-Ba, à défricher autant qu'à déchiffrer.
Je suis le fil qui me mènera de ce que j'ai vu à ce que j'ai fait et aux noms que je peux leur donner, pour qu'un sens se dégage de ce rapport. Un sens et, aussitôt, les sens possibles se multiplient, dans toutes les directions, y compris celles où je ne peux aller : je suis dans la forêt des signes !
Il m'en faut tenir un fermement, avec une conviction sans attache, pour apercevoir tous les autres, une infime partie des autres, une infinité d'autres sens, d'autres possibles. Je retourne à l'école, une école sans instituteur, sans professeur, mais
où tout, absolument tout, peut vous donner dans l'instant une bonne leçon.

Je suis parmi eux. Les aînés, les aimés, les passeurs, les montreurs de chemins.
Je suis Tom Pouce, Alice, l'éternelle enfant perdue. Tout ce que je perçois me démesure, tout est grandeur nature.
Dans le monde du vivant, il n'y a pas de nature morte.
J'ai soixante ans et je cherche.
Tant qu'il y aura des neurones…
Travailler ;
Travailler le net et le flou ;
Travailler la couleur comme un goût sur la langue ;
Travailler le grain, la texture (le plus difficile en photographie !) ;
Travailler dans l'image les parfums et les sons ;
Travailler les échos…
Rendre hommage
Rendre grâce.
Essayer.

Mars 2014